L’UE impose l’USB-C


Après l’imposition partielle du port micro-USB en 2017 (Apple ayant pu passer à travers les mailles du filet), l’UE impose désormais l’USB-C dès 2024 pour tous les petits et moyens appareils électriques : smartphones, tablettes, mais aussi appareils photo numériques, consoles. De facto, Apple devra, si elle souhaite continuer à vendre sur le territoire européen, abandonner son port propriétaire Lightning. Cette annonce avait déjà été amorcée en février 2021.

Lighning d’Apple à gauche, USB-C à droite

Cette décision a plusieurs conséquences, et il est important de les comprendre.

Un universel pas si universel que ça

Le fait que tous les appareils aient la même prise ne veut pas dire que l’on peut tous les charger avec le même chargeur : un chargeur limité à 30W ne pourra recharger un appareil nécessitant 60W, alors que l’inverse est possible. Non seulement il faudrait imposer le port, mais aussi une délivrance minimale. De nombreux ordinateurs portables peuvent désormais être chargés en USB-C, et ce problème s’est rencontré dès les premiers modèles.

Rendre universel imposerait de munir tous les chargeurs d’un contrôleur de tension et de puissance, certains appareils pouvant être rechargés sur une tension de plus de 5V, jusqu’à 20V. Sauf que l’on a démontré que non seulement des virus peuvent s’en prendre aux chargeurs, mais des chargeurs, voire des câbles munis de puces, peuvent contenir des virus et infecter des appareils…

Une non-extension à l’intégralité de l’électronique

Pourquoi ne pas imposer cette norme à tous les appareils électroniques ?

  • téléphones basiques
  • enceintes sans fil
  • périphériques informatiques divers (disque de sauvegarde, lecteur DVD externe, hub USB, etc.)
  • ordinateurs portables
  • écrans d’ordinateur
  • téléviseurs
  • box Internet
  • imprimantes / scanners
  • chargeurs à induction (sans fil)

Et même les appareils électriques consommant moins de 240W, étant désormais la nouvelle norme USB-C 3.2.

Des économies relatives

Limiter le renouvellement des chargeurs devrait permettre de générer des économies pour les utilisateurs. Sur le papier. Dans la réalité, les compatibilités de puissance rendront inutilisables des chargeurs sur d’autres appareils.

A noter aussi : il est souvent utile d’avoir plusieurs chargeurs pour un seul appareil, afin de limiter les oublis et les pertes :

  • au domicile
  • en voiture
  • au travail
  • etc.

Les économies annoncées ne seront pas forcément substantielles, car il va sans doute arriver que les prochains appareils seront vendus sans chargeur.

De plus, privilégier les chargeurs rapides accélèrera la dégradation des batteries, obligeant à les renouveler plus fréquemment (sachant que de moins en moins d’appareils disposent d’une batterie amovible ou aisément remplaçable).

Enfin, il faut aussi noter la prolifération de déchets électroniques générée par le remplacement du parc de chargeurs et d’appareils périphériques (notamment autour de l’environnement Apple), ou de développer un marché des adaptateurs.

La lente évolution du parc électronique

Il faut aussi noter qu’imposer une norme n’est pas immédiat : l’UE n’impose pas non plus à tous ses concitoyens de mettre au rebus leurs appareils actuels qui n’ont pas de port USB-C, et tant que ceux-ci vivront, le marché de la connectique alternative continuera d’exister.

L’impact de cette pseudo-normalisation sera sur du très long terme, et l’argument en faveur de l’écologie n’est pas si flagrant, en tous cas sur les 5 prochaines années.

Le possible frein à l’innovation

Apple argumente dans le sens où la concurrence favorise l’innovation. Il est aussi le premier à modifier ses propres standards : 3° génération de MagSafe pour les ordinateurs portables, 2° génération pour les iPhone/iPad, et à chaque fois pas rétrocompatibles (adapter les nouveaux sur les anciens) !

Si l’UE souhaite faire de l’USB un produit, comme son nom l’indique (USB = Universal Serial Bus), universel, elle a très gros à faire !!! Et je ne pense absolument pas qu’elle soit la mieux désignée pour tendre vers cette universalité.

Et la suite ?

La suite serait d’étendre la directive pour les ordinateurs portable dès 2026 et de standardiser la recharge sans fil. Avec les impacts sanitaires que cela engendrera (electro-sensibilisation, porteurs de pacemakers, surconsommation électrique due à la perte d’efficacité de la transmission sans fil, etc.)