Arnaque à la webcam : comment s’en protéger ?

Les chantages avec extorsion de fonds, sont devenus une des armes les plus utilisées par les cyberescrocs Ivoiriens. Cette technique d’arnaque est particulièrement redoutable, quand exécutée par un cybercriminel averti. Bien que cette technique ne requiert aucune compétence technique particulière, une bonne connaissance de certains réseaux sociaux offre tous les outils nécessaires à la réalisation de la supercherie.

En effet, avec le développement du web 2.0 (possibilité pour les usagers de publier et administrer leur propre contenu), se construire une « vie » est devenu un jeu d’enfants. Les escrocs utilisent les réseaux sociaux facebook, hi5, netlog, etc., pour monter de toutes pièces leurs personnages fictifs. Ils copient photos, vidéos, informations personnelles, mises en ligne dans la majorité des cas de façon abusive par des utilisateurs peu sensibilisés aux risques liés à Internet.

Etape 1 : la fausse identité

Une fois le faux personnage créé (photos, histoire, identité, etc.), reste à trouver l’une des pièces essentielles de l’escroquerie: « la vidéo aguichante », sorte d’appât. Les criminels se procurent de longues séquences vidéos très aguichantes, présentant dans la majorité des cas des jeunes filles aux formes généreuses (généralement des actrices de films pornographiques ou mannequins, modeles pour contenus d’adultes); trouvées sur les sites de tchat pour adultes ou des sites pornographiques. L’une des subtilités de cette technique est de sélectionner des vidéos dont le décor porte manifestement à croire que la scène se déroule dans un endroit privé (chambre d’hôtel, appartement privé, etc.), le tout pour créer l’illusion d’être en contact avec une fille qui propose de partager un moment coquin « intime ». Nombre de personnes (hommes) tomberaient dans le panneau, tant les éléments corroborant les dires de l’escroc sont concordants.

Etape 2 : invitation au sexy-tchat par webcam

L’escroc propose à sa future victime d’entamer une conversation par webcam; au cours de laquelle il diffuse via l’outil de conversation (skype, msn, etc.) les séquences vidéos aguichantes, en vue de faire croire à sa victime qu’il entame un tchat-sexy (strip tease, actes sexuels explicites, etc.). L’escroc prétend toujours avoir un problème de micro, car bien évidemment il prend le soin de supprimer le son de la vidéo, afin de ne diffuser que les images. Il invite alors son interlocuteur a lui emboîter le pas, c’est-à-dire se dévêtir, se masturber, et c’est de là que part le début des « ennuis ». En effet, l’escroc n’a plus qu’a enregistrer d’un seul clic et à l’insu de sa victime, l’ensemble de la conversation vidéo.

Une fois les vidéos compromettantes en sa possession, l’escroc réclame alors le versement de sommes d’argent sous menace de diffuser les vidéos sur Internet (Youtube, Youporn, etc.)! Il faut noter que cette technique peut également avoir pour cible des « femmes » toujours en utilisant le même procédé, mais avec inversion des rôles. Quoique statistiquement les personnes de sexe masculin soient les plus affectées.

On imagine bien le désarroi d’une victime de tel chantage, quand elle évalue l’impact que pourrait avoir la diffusion d’une telle vidéo sur le plan professionnel, social, etc. Cette forme d’escroquerie ressemble à bien des égards au viol à quelques degrés de gravité près, car dans la majorité des cas les victimes n’osent en parler à personnes, même pas à la Police et préfèrent porter en silence et toute le poids de cette énorme source de stress permanent.

Bien sûr le choix raisonnable serait de tenter de régler l’affaire sans l’ébruiter, en cédant aux requêtes du maître-chanteur. Mais l’expérience montre que dans 90% des cas, le chantage ainsi que les extorsions de fonds ne s’arrêtent qu’après une dénonciation aux autorités répressives et l’ouverture de procédures judiciaires.

Accentuer le chantage et mettre la pression

Les cybercriminels, publient dans la majorité des cas, la vidéo de chantage sur Youtube, mais en limite l’accès. En effet, en publiant cette vidéo en « mode privé » sur youtube, elle n’est accessible qu’au cyberescroc et ne peut être vue par monsieur tout le monde. L’intérêt de mettre la vidéo en mode privé est qu’elle ne pourra pas être visualisée par tout le monde et donc pas être signalée à Youtube. L’objectif est de mettre plus de pression à sa victime, en envoyant le lien youtube de la vidéo à sa victime.

Etape des menaces de prétendus agents de force de l’ordre

A ce stade, le cyberescroc ou les membres de son réseau, non contents d’avoir extorqué des sommes parfois très importantes à leurs victimes, se font passer pour des agents de police ou de gendarmerie en réclamant davantage d’argent. Dans ce cas de figure, les délinquants extorquent de l’argent à leur victime en prétextant qu’elle doit payer une amende pour s’être adonnée à des actes présentant un caractère sexuel explicite sur Internet.

Cette étape est d’autant plus critique que la victime dépitée aura tendance à céder à la panique, ajoutant aux sentiments de honte et au stress, la peur de se voir engagé dans une procédure judiciaire. Faux actes de police Faux actes de police utilisé par des cyberescrocs dans le chantage à la webcam

Que faire si l’on est victime d’un chantage à la vidéo ?

  • Supprimer ou bloquer ce contact de votre liste d’amis sur les différents réseaux sociaux
  • Ne jamais payer le moindre centime aux « maîtres-chanteurs » et conserver le maximum d’informations utiles (adresse e-mail du maître-chanteur, numéro de téléphone, profil de réseaux sociaux, etc.)
  • Signaler à la Police (PLCC pour la Côte d’Ivoire) ou à la Gendarmerie de votre lieu de résidence
  • Se « googliser », c’est-à-dire effectuer des recherches sur son propre nom dans google, afin de détecter les éventuelles traces de la vidéo compromettante sur la toile
  • En parler à un proche de confiance ou à une communauté dans un forum de façon anonyme, afin de partager ses angoisses! Cette démarche aide les victimes à relativiser leur malheur et trouver les armes pour adopter les attitudes adéquates
  • Signaler les contenus s’ils ont déjà été publiés, aux hébergeurs de services (youtube, facebook, etc.) , afin d’en obtenir le retrait